L’histoire de Louis
Louis se sent bien au large dans son fauteuil.
Quand son DG le convoque en ce début de Janvier pour lui offrir la Direction commerciale de l’ensemble du réseau, Louis est fier d’une telle confiance. Louis a 40 ans, marié, père de deux enfants, une belle situation, un superbe BMW 4x4. Il part tôt à son travail, profite le we d’un appart moderne avec salle de cine, et terrasse.
Il sait qu’il va devoir travailler encore plus dur, se montrer exemplaire vis-vis de ses collaborateurs et assumer pleinement ses responsabilités. Puis tout se met à se dérégler. Les journées sont de plus en plus longues. L’agenda explose. Sa femme ne dit rien mais il sent bien son regard de reproche quand il traite ses mails le we. Et depuis 15 jours, il ne dort plus. Et ça il ne peut pas se le permettre, il risque d’être moins efficace.
Alors Louis vient me voir.
A priori pas question d’apprendre à un cadre dirigeant à s’organiser ou à être efficace. A Travailler moins ? Pas plus … dérangeante injonction pour un profil comme Louis qui pense devoir sa promotion justement pour ses qualités d’engagement, son haut niveau d’exigence vis-à-vis de lui-même et de ses collaborateurs.
La coaching démarre. Je lui propose de raconter : lui, son rôle, ses journées. Comment il ressent les choses, ce qu’il pense, ce qu’il fait. Il est fier de montrer son agenda si rempli. Ca lui fait du bien de parler. Il est seul, à l’écoute de son DG, sous le feu des projecteurs devant ses équipes. Il est tendu, la volonté est perceptible derrière la puissance musculaire. Louis parle, se livre, explique la fierté de remplir ses responsabilités, son statut social, son image auprès de sa femme et de ses enfants. Et il mesure ce qu’il apporte à son entreprise et mieux encore au marché de la Finance.
Cible et motivation OK.
La vision du rôle est « porteur de sens ». Avec cette notion globale, on peut s’attacher aux facteurs clefs de réussite. La clef est là, on ouvre une perspective nouvelle. Louis identifie alors ce qui est essentiel à sa réussite. Le reste devient d’importance moindre, ou bien une opportunité de délégation et responsabilisation. Quand la tentation de reprendre les rennes sur l’opérationnel surgit, je rappelle la destinée qu’il s’est choisi.
Vue globale, critères clefs OK.
Il reste à Louis à définir sa route vers ce cap. Sachant vers quel port naviguer, il peut s’autoriser à ne pas être le seul à faire des quarts et dormir un peu. On teste un petit exercice de respiration et concentration sur l’ici et maintenant. Résultat immédiat, créativité accrue, prise de recul pour une efficacité perçue encore plus importante.
Permissions OK et résultats auto-perceptibles.
Louis se sent mieux, s’autorise des soirées normales, reprend le sport, se flatte de responsabiliser ses deux meilleurs éléments … et rêve déjà au prochain poste.
Louis est grand.
Histoires de Coaching 2013, Anne-Caroline Moeller
Par souci de confidentialité, quelques éléments ont été modifiés.
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